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· SEL 85 (0)
bonjour
vous aviez organisé un débats sur l'économie autrement, y en t-il d'autre en prévision et comment y p
Par Lemoine Olivier, le 08.10.2014
· SEL 85
· Marcel Metzger
· Boquen 6-7 septembre 2014 Economie...solidaire
· Alice Gombault & Raymond Gaudefroy
· PRESENTATION DE PARVIS GRAND OUEST
Date de création : 26.11.2013
Dernière mise à jour :
19.07.2014
6 articles
2° rencontre: INTERVENTION d’ ALICE GOMBAULT et de RAYMOND GAUDEFROY à la Roche sur Yon 1er février 2014
« Quand les chrétiens se rencontrent »
« Ils célèbrent de façons diverses »
Expériences et perspectives
Pourquoi, quand des chrétiens et chrétiennes se rassemblent, avoir focalisé sur la célébration ? On aurait pu dire : ils prient, ils écoutent la parole et méditent l’évangile, ils portent secours aux plus démunis …etc. Il nous a semblé que la célébration et la célébration eucharistique était ce qui leur était le plus spécifique, sommet et source de toute vie chrétienne. Toute occasion est prétexte à un repas « pris ensemble » : anniversaire, engagements, mariage, baptême, rencontre amicale ou amoureuse…Rien d’étonnant que Jésus continue à se manifester parmi nous de façon privilégiée dans le cadre d’un repas.Par le signe du pain et du vin, Jésus se place au cœur de nos partages humains qui commencent par le don et le partage de la nourriture C’est heureux, car cela respecte une dimension fondamentale de la vie. Les chrétiens et chrétiennes célèbrent et font revivre ce que le Seigneur a fait pour eux. Réunis pour le Repas du Seigneur, ce Repas les unit entre eux. Ils célèbrent ce qu’ils ont vu de beau et de bien dans leur vie quotidienne, ils implorent et demandent pardon pour ce qui dégrade l’être humain. C’est toute la vie qui en est transformée.
Pourquoi avoir ajouté, « ils célèbrent de façons diverses » ? Ne pouvait-on pas penser que ce qui caractérise les chrétiens, c’est justement qu’ils célèbrent tous de la même façon. Certes leur unité vient bien de ce qu’ils souhaitent faire mémoire de la vie, la mort et la résurrection de Jésus, mais ce qu’ils en comprennent diffère selon les lieux, la culture et le temps. Quant aux façons, elles ont évolué et vont continuer à le faire. Pourquoi ne peut-on pas se contenter de répéter ce qui se faisait ? Parce que le monde change. Nous ne sommes plus seulement à une époque de changements, mais à un changement d’époque. On l’appelle post modernité.
Quelques caractéristiques de la postmodernité.
Nous sommes déjà entrés dans une nouvelle ère. C’est après coup, que ce passage apparaîtra clairement. Il est de même nature que le passage du Moyen Age à la Renaissance. Le M.A . était une époque préscientifique, avec des croyances plus ou moins magiques. Le monde moderne issu de la Renaissance lui a succédé. L’usage de la raison et la méthode scientifique devaient conduire l’homme moderne à un progrès constant. Le monde devenait autonome, notamment par rapport à la présence de Dieu ou d’un dieu. L’être humain n’avait plus besoin de révélation ou d’interventions divines pour expliquer le monde et lui donner sens. Ce fut donc la naissance de la sécularisation.
1. Changement du statut de la connaissance.L’homme postmoderne, lui, a encore une autre façon de voir les choses. Il sait que la connaissance humaine est loin d’être objective. Il ne s’agit plus d’accéder à une vérité préexistante mais de construire sa vérité à partir de données fluctuantes. La raison n’est plus le seul mode d’accès à la réalité, mais les émotions et les intuitions sont aussi des éléments de connaissance. Il n’y a pas de réalité objective indépendante du sujet qui observe. La connaissance dépend de la communauté dans laquelle on est inséré ; c’est elle qui nous donne un angle de vision et qui influence nos présupposés. C’est par la communication avec ceux et celles qui nous entourent, avec lesquels/les on partage à peu près le même langage, que l’on peut se faire une idée un peu plus juste de la réalité en élargissant les points de vue. [Quant à la connaissance elle-même, elle ne conduit pas nécessairement au progrès constant. L’homme postmoderne est plutôt pessimiste au sujet de l’avenir. (Cf les scénarios catastrophes sur le réchauffement de la planète.) ]
2. La conviction qu’il n’existe pas d’absolu. Il n’y a pas de base solide et indubitable sur laquelle nous pourrions appuyer la structure de la vérité. Les textes religieux ne nous apportent pas de fondement de la vérité. Ils ne sont qu’une interprétation de la réalité. La vérité est à faire. C’est ce qu’on appelle l’herméneutique : les lecteurs et lectrices du XXIème siècle analysent et interprètent à leur tour ces textes. Cela ne veut pas dire que ces textes n’aient plus rien à nous dire pour aujourd’hui, mais pour rester vivants, ils doivent nécessairement être lus à la lumière d’aujourd’hui.
3. Le corollaire de ce qui précède est que tout est relatif et qu’il n’existe plus une vision du monde unique et englobante. On comprend la panique d’un Benoît XVI, devant la montée du relativisme. C’est vrai qu’un tel constat peut être déstructurant, mais en même temps l’ouverture d’un espace de construction est particulièrement motivant et exaltant. « Mais alors, dit Alice, si le monde n’a absolument aucun sens qui nous empêche d’en inventer un ? (Lewis Caroll)» Il est évident que ce sens que nous nous devons d’inventer est un sens parmi d’autres ; ce n’est plus LE sens unique.
4. Les institutions qui fournissaient ces visions du monde unifiée ne sont plus crédibles et les postmodernes prennent leur distance vis-à-vis de toute organisation, religieuse ou non. Une des caractéristiques de la pensée postmoderne est l’anti institutionnalité. C’est là qu’il faut comprendre pourquoi la vocation de prêtre, homme de l’institution, qui possède le savoir et l’autorité, n’attire plus. S’il n’y a de moins en moins de prêtres, c’est que le modèle, la structure hiérarchique dans laquelle ils sont insérés ne fonctionne plus. Le modèle hiérarchique ne fonctionne plus : la structure n’attire plus. Il faut en inventer une autre. Des modèles plus égalitaires et moins pyramidaux.
5. Si l’institution est contestée, des communautés de vie et de pensée naissent parce qu’elles sont nécessaires pour exister, pour forger son identité. Il y a la reconnaissance qu’un individu seul n’existe pas s’il n’est pas en relation. L’identité personnelle ne peut se construire en dehors d’un environnement humain. Ces communautés ne reposent plus sur un donné révélé, sur des critères extérieurs, mais reposent sur ce quoi les humains d’une société sont d’accord et comprennent comme faisant déjà partie d’eux, de leur imagination, de leur désir. Ce sont des groupes d’égaux, de partenaires qui vont s’inventer leurs propres règles. Dans tout groupe, il faut un animateur, il faut une personne qui fait le lien avec d’autres groupes pour l’empêcher de s’enfermer sur lui-même et de virer au communautarisme. Les règles qu’on se donne pour vivre ensemble sont à l’image d’une colonne vertébrale et non comme un corset.
6. Une pensée pragmatique qui choisit ce qui marche sans forcément tout comprendre du mécanisme. La connaissance n’est plus ce qui semble correspondre à la réalité, mais ce qui convient, ce qui est adapté. La clé. Notre connaissance est vraie, c’est-à-dire pertinente, utile, viable quand elle résiste à l’épreuve de l’expérience. La connaissance ne révèle pas un monde objectif, ontologique, mais explique met en ordre et organise le monde tel que nous l’expérimentons. C’est pourquoi la Genèse ne nous donne pas d’indications sur la création objective du monde, mais seulement sur l’effort de mise en ordre qu’en ont fait ses auteurs. Du tohu-bohu, ils sont passés à une classification des éléments par paire : lumière/ténèbre, jour/nuit, ciel/terre, homme/ femme qui sont hiérarchisées, celui qui nomme prend le pouvoir sur celui qui est nommé. Cette organisation a convenu pendant des siècles, elle ne convient plus aujourd’hui. Mais cela ne veut pas dire que l’interprétation de la signification des symboles que contient la Genèse ne soit pas aussi un mode autre de connaissance que la connaissance rationnelle. ]Il nous faut trouver d’autres clés d’interprétation : le big bang, l’évolution …etc]
Quelles implications pour nos célébrations eucharistiques ?
Question sur l’objectivité, fin de l’absolu et entrée dans le relatif.
Les textes et les dogmes sont soumis à réexamen. La mise en doute de la réalité de l’institution de l’eucharistie. Comment cela s’est-il passé ? Qui étaient présents ? D’où, la reprise des textes à la lumière de l’exégèse et de l’histoire. Les textes sont interrogés à nouveau frais ; que signifient vraiment les paroles de l’institution « Ceci est mon corps, ceci est mon sang : faites ceci en mémoire de moi » ; qu’est ce que « ceci » ? D’où les nouvelles interprétations que l’on peut entendre dans les célébrations contemporaines. « C’est moi, ma personne, mon humanité… » Rappelez-vous le partage que j’ai fait avec vous et faites de même. Nous avons le désir de voir l’eucharistie devenir compréhensible par un esprit d’aujourd’hui et d’en faire une authentique nourriture pour le corps et l’esprit. Nous sommes sortis des propos dogmatiques assénés par l’institution Eglise catholique sur le sujet. Un espace de liberté s’ouvre ; une construction et possible. Que voulons-nous faire de l’eucharistie ? Dans une telle pensée postmoderne, nous concevons non seulement l’eucharistie mais les autres sacrements non plus comme des réalités ponctuelles, mais comme des processus. C’est au cours d’un processus communautaire de partage que l’eucharistie prend son sens de présence du Christ parmi nous. On ne peut plus dire qu’avant les paroles de la consécration, il n’y avait rien et qu’après il y a tout. Et comme les protestants, on peut se demander si, lorsque la communauté est dispersée, la présence demeure. On peut aussi se demander si une messe célébrée par un prêtre solitaire est une véritable eucharistie ou un simple exercice de piété. Privée de son contexte communautaire humain, on chosifie l’eucharistie, on l’objective. EX. adoration du St Sacrement.
Cette réflexion est valable pour les autres sacrements. Le baptême ferait-il donc passer d’un état de rien du tout (on ne sait comment le qualifier), à l’état d’enfant de Dieu sauvé. On connaît l’embarras des théologiens, obligés d’inventer les limbes pour les enfants morts sans baptême. Dieu n’aimerait-il pas tous les êtres humains, y compris les non baptisés ? Le baptême ne serait-il pas plutôt la reconnaissance par des croyants/tes de l’amour inconditionnel de Dieu ? Et ce baptême n’est pas donné une fois pour toutes, il est à ratifier chaque jour. Il fait entrer dans une communauté.
Comme sacrement à ratifier chaque jour se place le mariage. Les gens mariés savent que le « oui » initial a été suivi de bien d’autres « oui » renouvelés et que la tentation, voire la nécessité, du « non » existe aussi.
La pénitenceou réconciliation, peu en vogue actuellement, ne serait-elle pas la reconnaissance de la miséricorde de Dieu, qui nous aime tel que nous sommes, avec nos richesses comme avec nos faiblesses. Y a-t-il besoin de nous abaisser et de nous humilier pour pouvoir bénéficier de ce sacrement ? « Ce n’est pas se croire parfait que de ne pas se croire pécheur. Benoît XVI avait rappelé voici quelques années aux 80 prêtres pénitenciers pontificaux de Rome (des 4 basiliques pontificales) que la réconciliation « est une renaissance spirituelle qui transforme le pénitent en une nouvelle créature ». C’est toujours la même approche : avant le geste magique, il n’y a rien, après il y a tout « une nouvelle créature ». La condition humaine n’est jamais prise en compte dans sa plénitude, car, pour donner tout son sens à la Rédemption, au salut, elle se doit d’être pécheresse. Il lui faut alors expier pour ses péchés et faire des sacrifices pour mériter sa rédemption.
Pour que l’eucharistie garde un sens pour aujourd’hui, il nous faut réinventer ce sens.
Perte d’emprise des institutions mais nécessité de tisser des liens sociaux.
La méfiance vis-à-vis des institutions fait place à la construction de groupes ou de communautés choisis. Il faut tisser autrement le lien social. Le risque de s’enfermer dans des communautés chaleureuses et émotionnellement satisfaisantes existe. Le phénomène sectaire est toujours possible. Se situer dans un processus de réseau diminue ce risque et ouvre sur d’autres groupes. C’est pourquoi, l’eucharistie se vivra dans des petits groupes à taille humaine, elle sera conçue librement en fonction de la situation de ce groupe. Au sein d’un tel groupe, des responsables peuvent être choisis selon leur charisme, mais aucun membre du groupe ne peut plus cumuler les pouvoirs et les responsabilités. La fonction qui consiste à rappeler que si le groupe s’est créé et administré lui-même, il l’a fait en référence à quelque chose ou quelqu’un qui le dépasse peut être remplie par quelques-uns du groupe choisis pour un temps et considérés comme les plus aptes à le faire. On touche là à la question des ministères : ministères en équipe, à temps, évidemment sans préalable d’état de vie ou de sexe.
Exemple de l’importance de la relation : On ne peut dissocier le geste sacramentel de la relation qui le porte. C’est pourquoi, il y a quelque chose d’anormal à ce que ce soit une ou un laïc/que qui prépare au sacrement : baptême, mariage, 1ère communion, sacrement des malades, c’est-à-dire qui noue une relation avec les personnes et que ce soit une personne étrangère à ce processus relationnel qui vienne administrer le sacrement. Cela renvoie le geste sacramentel à la magie. Bien des laïcs en position d’être ministres de fait des sacrements connaissent cette gêne.
La sécularisation
Dans ce contexte postmoderne, la sécularisation a remplacé la croyance. La sécularisation, est-ce l’oubli de Dieu ou bien la réinjection de Dieu dans la vie humaine au lieu de le laisser planer dans un au-delà inaccessible ? N’y a-t-il pas un versant positif de la sécularisation ? C’est l’attention à l’humain, c’est l’enracinement dans l’humain de toute foi, de toute image de Dieu. Il n’y a plus vie de foi d’un côté et vie profane de l’autre, mais l’une ne se vit que dans l’autre. C’est cela l’incarnation [, qui revalorise aussi l’existence du corps. On sort de la pensée grecque marquée par la séparation de l’âme et du corps, le primat d’un spirituel éthéré et la dépréciation de l’existence temporelle au fond assez méprisable. Tout ce qui a fait que l’exercice de la sexualité était incompatible avec l’exercice du culte (Propos tenus par Y. Burdelot, Parvis n°13).] Bien des valeurs que nous pensions spécifiquement chrétiennes font partie du patrimoine de l’humanité et nous nous retrouvons sur le plan humain avec nos frères et sœurs, croyants ou non. Il semble même que les valeurs chrétiennes ne deviennent aujourd’hui crédibles que dans la mesure où elles prennent leur pleine dimension humaine. Quelques exemples : l’abbé Pierre ;l’admiration, l’affection qu’il a soulevées ne sont pas dues au fait qu’il célébrait sa messe tous les jours, mais à son engagement sans répit pour les plus pauvres.. La spiritualité : Comte-Sponville a lancé le mot de spiritualité laïque, de spiritualité sans Dieu. On sait que si les gens se détournent des Eglises, ils restent attirés par la spiritualité. On découvre que la spiritualité est une dimension de l’humanité. La dimension chrétienne n’est pas autre chose que la pleine dimension humaine. C’est le triomphe du christianisme en quelque sorte. Mais nos autorités romaines ne voient pas les choses ainsi. Elles mettent en garde contre la confusion entre humanisme et valeurs chrétiennes. Le succès de ces dernières semble lui porter ombrage ; elle perd son monopole.
La sécularisation transforme la pédagogie de la foi. On ne part plus d’un a priori Dieu, mais on prend en compte l’humain dans ce qu’il a de plus noble de plus affiné, là où il laisse transparaître que l’homme passe l’homme (Pascal). On discerne dans la vie quotidienne l’instauration de relations nouvelles, des germes d’évangile à l’œuvre et on les célèbre dans l’eucharistie. On manifeste ainsi que ces gestes, ces comportements prennent une autre dimension, une dimension d’éternité peut-être. Alors que dans la pédagogie de l’ Exhortation apostolique « Sacramentum caritatis » de Benoît XVI (13 mars 2007), on célèbre l’eucharistie et de là découle des conséquences sociales: « La mystique du sacrement a un caractère social » « Le sacrifice du Christ est mystère de libération qui nous interpelle et nous provoque continuellement. C’est en vertu du mystère que nous célébrons qu’il nous faut dénoncer les situations qui sont en opposition avec la dignité de l’homme. …Le mystère de l’eucharistie nous pousse à un engagement courageux dans les structures de notre monde pour y apporter la nouveauté de relations qui a sa source inépuisable dans le don de Dieu. ».
Deux mouvements inverses. C’est l’expérience de Jésus qu’ont faite ses contemporains : c’est parce que Jésus manifestait une humanité particulièrement fine, libérante et libére qu’ils l’ont perçu comme proche de Dieu, fils de Dieu
Le critère de pertinence de la pensée pragmatique
Pour faire face à la vie marquée d’imprévus et d’inédits, les attitudes privilégiées seront : adaptation, mobilisation de ressources nouvelles et non application de principes tout faits imposés de l’extérieur. Devant cet ouvrage jamais achevé, on peut comprendre les tenants d’une eucharistie soi-disant immuable, « la messe de toujours ». Ceux-ci drainent autour d’eux tous ceux et celles en recherche de sécurité, de repères fixes. Comment les aider à évoluer ?L’instabilité, la précarité, la flexibilité et la remise en question permanente font partie de notre monde postmoderne. Il s’agit de rester en équilibre sur cet océan mouvant, d’y plonger éventuellement, mais d’en ressortir [i] plus fort et plus confiant.
L’image du surfeur (et les jeunes savent surfer) s’impose à moi. Au lieu de suivre un parcours balisé, celui-ci se laisse porter par la vague. Sous l’apparente désinvolture (décontraction) du geste, se cache une force intérieure très grande qui n’est pas inquiétée ou déstabilisée par ce qui surgit, mais qui utilise au contraire ce qui se présente, pour une plus grande vitesse et un plus grand plaisir. Si, par hasard, le surfeur est déséquilibré, il montre alors toute sa capacité à encaisser, sans être démoli. Utilisant encore une fois les éléments, il refait surface et recommence pour une glisse encore plus belle [ii].
Eucharistie ou non ?
Doit-on appeler nos célébrations alternatives « eucharistie » ou non ? Liberté d’action si on ne les appelle pas ainsi. Mais que pensent faire ceux qui célèbrent ainsi ? Font-ils eucharistie ou non ? Pour les uns oui, pour d’autres non. Pour moi, ce que nous avons fait tout à l’heure pour l’apéritif était l’eucharistie et je n’ai pas bu ce vin comme du vin ordinaire, il était porteur de beaucoup plus.
Présence réelle ou réelle présence ?
Nous étions assurés de sa présence parmi nous, alors ? Que mettons-nous sous ces mots « présence réelle » Une présence symbolique n’est pas moins réelle qu’une présence physique.
Une présidence ? Quels ministères ? Vers une Eglise sans prêtre
Qu’en est-il du sacré ? Jésus est venu désacraliser.
Transgression ? Se frayer un chemin là où il n’en existe pas encore.
Alice Gombault
[iii][iii] Cf Parvis n°27, septembre 2005 L’eucharistie sur les Parvis, Alice Gombault
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Célébrer autrement :
Intervention de R. Godefroy, à la Roche sur Yon pour SEL 85, le 1/02/2014
Je m’appelle Raymond Godefroy, j’ai retrouvé la foi à 40 ans grâce à une formation du Centre d’Intelligence de la Foi, le CIF qui, comme le disait avec humour l’un de ses deux fondateurs Xavier de Chalandar : »le CIF ça fait du bien, ça décape »
Je parlerai de trois expériences de célébration : en milieu rural, en milieu urbain, en petite communauté. Je vous dirai aussi un mot d’une célébration familiale vécue à la maison.
La première expérience se situe à Forges les eaux, chef lieu d’un canton du pays de Bray, pays d’élevage, à l’extrême nord-est de la Normandie. Les Forgions s’enorgueillissent du fait que c’est après être venue boire les eaux de Forges qu’Anne d’Autriche est devenue enceinte de celui qui allait devenir Louis XIV (non vérifié)
Au milieu des années 70 le curé de Forges avait sous sa responsabilité 17 paroisses. Conscient du problème, il repère, parmi les participants du groupe de partage d’Evangile qu’il avait créé, trois ou quatre personnes ayant un minimum de culture biblique.
Il les réunit et exprime une idée : « pour moi, le manque de prêtres, c’est un coup du Saint Esprit, c’est pour obliger les laïcs à se prendre en charge ». Il nous demande d’animer des célébrations le dimanche dans les villages. Pour rester dans son esprit nous les appelions, non pas ADAP, assemblées dominicales en l’absence de prêtre, mais ADAL, assemblées dominicales animées par des laïcs.
Puis il nous donne quelques conseils pratiques pour animer les célébrations : un panneau à l’entrée de l’église : « ceci n’est pas une messe », annoncer dans le mot d’accueil « nous prions en union avec notre curé qui célèbre à …», bien choisir les lecteurs, regrouper les chaises autour des intervenants, ne pas avoir peur d’innover, quitte à choquer un peu mais sans scandaliser. Par la suite il prolonge la formation par des réunions des animateurs. Elles sont surtout des suggestions pratiques. Je me souviens par exemple avoir dit une fois : « quand vous donnez la communion, ne faites pas une tête d’enterrement, souriez, c’est le corps du Christ que vous partagez ».
Ce dont je me rappelle aussi c’est l’extraordinaire confiance dont faisait preuve ce prêtre envers ceux qu’il envoyait. La première célébration dont il m’a chargé, était une nuit de Noël ! Je n’étais pas vraiment à mon aise.
Du fait que les animateurs du départ étaient des résidents secondaires notre objectif était de susciter des habitants des villages à devenir acteurs, ce qui fut fait. A la fin de l’expérience, au bout d’une vingtaine d’années, tous les animateurs, y compris la présidence, étaient des villageois. Le seul point qui restait difficile à faire prendre en charge était le commentaire d’Evangile. Une seule femme s’y était mise et le résultat était un commentaire plein de sens dans un langage accessible aux participants. Et pourtant je dois dire que devoir étudier un texte pour en faire un commentaire est extraordinaire pour en découvrir les richesses. Et c’est encore plus enrichissant quand on peut le faire à plusieurs.
Tout au long de cette période nous avons beaucoup échangé avec un ami jésuite, Edouard Pousset. Il nous écrivait en 1985 : « ce qui vient en premier c’est la mise en route des chrétiens eux-mêmes … la présence de personnes significatives au sein d’une communauté est première – théologiquement parlant – par rapport à l’exercice d’une fonction … derrière cette nécessité (de faire face à l’absence de prêtres) se devine une poussée de la vérité même du Royaume de Dieu parmi les hommes».
Cette expérience a duré vingt ans. Elle s’est terminée par la convocation de l’évêque un samedi soir après la messe au presbytère de Forges. Il nous a alors priés de rentrer chez nous et de ne plus nous occuper de ce qui revenait au prêtre.
A propos de cet arrêt brutal Edouard Pousset nous écrivait en 1996 : « pour le moment cette Eglise a encore trop de force et la théologie régnante empêche de voir et plus encore de comprendre. Cette théologie dit : « le prêtre comme on l’a fait jusqu’ici et les sacrements que fait ce prêtre, voilà l’essence. Tout ce qui arrive d’autre n’est qu’accident, ça va passer, l’Eglise en a vu d’autres … Il faut laisser passer un peu de temps de désert grandissant. Puis aider les gens à se re-souvenir de ce qui fut en ces vingt ans … Et vous, tout d’abord, sentir la vérité qu’il y a, en conscience, à devenir plus indépendant de cet appareil ecclésiastique-là … globalement l’Eglise ne veut plus de ces vingt ans. Elle s’imagine qu’elle affermit ainsi son identité et qu’elle assure son avenir. Grande illusion. Mais le bénéfice de ce qui a été demeure ».
La deuxième expériencese situe à Paris, à la gare Montparnasse.
Il s’agit de la chapelle St Bernard, inaugurée le 30 septembre 1969 par Mgr Marty.
Pendant 8 ans elle est animée par Bernard Feillet qui accueille autour de lui une importante communauté « qui ne se laisse pas limiter par les bornes que connaît aujourd’hui l’Eglise » ainsi qu’il l’écrit en mai 73. Sa liberté de langage et son non conformisme provoquent son départ en 1977. Son successeur est nommé sans la consultation de la communauté, consultation qui avait été convenue avec le cardinal. Celle-ci réagit en se constituant en communauté organique qui se réunit en assemblée générale, élit une antenne de 12 membres qui anime la communauté et un coordinateur qui représente avec le prêtre la communauté auprès des autorités civiles et religieuses.
Ce qui caractérise notamment St Bernard à cette époque ce sont, outre l’accueil de groupes comme Maurice Bellet, David et Jonathan, la CCC (communauté chrétienne dans la cité), une liturgie très spécifique. Chaque célébration est préparée avec le prêtre et l’équipe liturgique et celle-ci participe souvent à la célébration avec le prêtre à l’autel. Les statuts révisés de 1992 parlent d’ailleurs de concélébration prêtre-laïcs. Ces statuts sont présentés au vicaire épiscopal qui ne fait aucun commentaire.
Après des prêtres nommés après accord entre l’évêque et la communauté : Marie-Jean Mossand, Jean Rogues, Jacques Le Goëdec, d’autres, qui sont moins dans l’esprit de St Bernard, sont nommés unilatéralement par la hiérarchie et la communauté perd de sa vitalité.
Finalement l’évêché a confié récemment la gestion de St Bernard à Sant’Egidio.
Fin de l’expérience.
Réflexions sur ces deux expériences.
Je ne voudrais ni faire de l’angélisme ni verser dans le pessimisme mais simplement être réaliste. Quelques exemples illustrant la difficulté du changement :
Du côté des chrétiens
1- Jacques, notre curé, avait voulu faire un test en confiant une célébration à des laïcs dans son église bien qu’il ait été présent à Forges. A la fin de la première célébration une participante s’approche de celui qui avait présidé : « merci, qu’est-ce que c’était bien, on aurait dit un prêtre ». Les chrétiens ne sont pas prêts à se passer de la présence protectrice du curé de leur village. Albert Rouet l’a bien expérimenté en tentant l’expérience du prêtre itinérant sur plusieurs villages non sans difficulté de la part de certains prêtres. On n’efface pas des siècles de cléricalisme en une génération.
2- L’aumônier de notre équipe MCC (mouvement chrétien des cadres) nous avait proposé de nous en détacher et de former une équipe dont nous serions les accompagnateurs spirituels. Ce qui fut fait. Dès la deuxième réunion l’une des participantes demande : « mais quand arrive le prêtre ? ». Il n’y a pas eu de 3ème réunion
Du côté des clercs
Je parlais avec Albert Rouet, que j’ai souvent entretenu de ces expériences. Je lui disais que, lors d’une célébration du jeudi saint à St Bernard, avec quelque solennité, pour la doxologie les coupes avaient été tenues entre les mains des membres de l’équipe liturgique autour du prêtre à l’autel. Son attitude a manifesté une forte réticence. Une autre fois où je lui parlais de la petite revue Amos qui m’avait beaucoup aidé à préparer les commentaires d’Evangile, il me répond « oui, mais ce n’est pas produit par l’Eglise ! ». Et il s’agit de l’un de nos meilleurs évêques ! Pour dire que ce n’est pas simple.
On peut aussi constater le refus par la hiérarchie de tout ce qui peut mettre en cause la prééminence des clercs.
Je ne veux pas dire que ce n’est pas possible, d’ailleurs ce qui est impossible à l’homme n’est-il pas possible à Dieu. Mais je suis bien conscient qu’amener les personnes à prendre leurs responsabilités en ce domaine ne se fait pas d’un coup de baguette magique.
Et je voudrais terminer ces deux expériences qui se sont arrêtées en rappelant cette phrase d’Edouard Pousset : « mais le bénéfice de ce qui a été demeure »
La troisième expérienceest celle de notre communauté de base la CCC dont la formule de petite communauté est chère à Joseph Moingt.
Nous sommes une vingtaine.
Nous nous réunissons deux fois par mois de 19h à 22h30.
De 19h à 20h repas pris en commun, préparé par l’un des participants. Ceci permet l’échange libre de nouvelles…et l’attente des retardataires.
De 20h à 21h45 environ échanges sur un thème préparé par un groupe de 3 ou 4 dans le cadre du thème annuel décidé lors du WE de rentrée en septembre. Un WE a également lieu en juin pour permettre le debriefing de l’année. A titre d’exemple le thème de la semaine dernière était : « A la lumière de Jésus, nous humaniser les uns les autres quelles que soient nos convictionspour un monde plus juste et respectueux de la dignité humaine ». Lorsque les échanges ont lieu en groupes de 6 ou 7 chaque groupe est invité à produire une phrase qui sera reprise lors de la célébration dans une invocation dans le cadre du thème et une prière d’action de grâces.
Deux prêtres font partie de notre communauté, dont un « réduit à l’état laïc » mais, même lorsqu’ils président la célébration ils le font simplement en tant que chrétiens. Les mots « ceci est mon corps » ne sont jamais prononcés. Le groupe de préparation les remplace par d’autres mots qui peuvent être par exemple : « Ce pain et ce vin sont le fruit de la terre que tu as créée et du travail des hommes à qui tu as confié la responsabilité de parachever ta Création. Leur partage est le signe de ta présence donnée parmi nous en vue de l’accomplissement de notre vocation humaine »
La célébration comprend une prière inspirée par le thème du jour et se termine par le Notre Père.
Quelques mots sur une célébration familiale. Elle a eu lieu à la maison à Pâques 2008 à l’occasion de notre 25ème anniversaire de mariage en présence de notre fille Anne et son mari Pierre-Yves, un prêtre ami, Lily mon épouse et moi. Anne ne pratique plus depuis son adolescence et Pierre-Yves n’est pas baptisé. Paul, notre ami prêtre, a été père abbé d’une abbaye de Prémontrés auprès de Caen. A 50 ans il a eu envie de sortir de cette situation très sécurisée, a fait une formation aux affaires et a terminé comme adjoint au DRH de Fichet-Bauche, tout en animant des dizaines d’équipes de réflexion.
La célébration autour de la table, servie :
Mannick : je connais des bateaux
PY allume 4 bougies
Lily et Anne lisent la résurrection de Lazare
Je fais un bref commentaire
Lily lit 2 versets de Exode : « cette nuit là on mangera la chair rôtie …avec des herbes amères »
Gigot froid, salade
Paul prend la parole pour une prière sur le thème de la libération de l’esclavage des Hébreux, passage de la mort à la vie…
consécration et partage par tous du pain et du vin
dessert, champagne
Alléluia de Haendel
Pour conclure je voudrais insister sur le fait que ces expériences ne sont pas des modèles mais des récits de ce qui a été fait.
Raymond Godefroy
Le 1er février 2014